Histoire

La visite des Catacombes est certainement l’une des attractions touristiques les plus insolites de Paris. C’est entre curieux, passionnés d’histoire et adeptes du mystique que se rencontrent ici les touristes et les cataphiles. Mais quelle est l’origine de ces labyrinthes mystérieux ? Pourquoi des ossements humains y sont entreposés de manière artistique ? Et qui s’occupe d’entretenir ces kilomètres de galeries ensevelies ? Afin de préparer votre visite des Catacombes de Paris, découvrez sans attendre l’histoire fascinante d’un des plus grands ossuaires souterrains du monde !

Des origines à la construction des Catacombes de Paris

Paris s’est construit à 20 mètres au-dessus de longues galeries calcaires. De l’époque gallo-romaine au XVIIIe siècle, les Parisiens utilisaient les roches souterraines pour ériger la ville. À force de bâtir et d’extraire les sédiments de la Terre, les fondations se sont étiolées et le sol est devenu fragile. 

En 1774, un grave effondrement marqua la rue Denfert-Rochereau qui fût engloutie sur près de 300 mètres. C’est le 15 septembre 1776 que Louis XVI instaura le décret qui interdira toute extraction de matériaux sous la voie publique.

S’ensuit l’idée lumineuse de l’ingénieur et inspecteur général des carrières, Charles-Axel Guillaumot, en avril 1777, qui pensa à consolider et à aménager les sous-sols.

Plus tard, comme réponse au problème d’insalubrité de Paris, dû à la surpopulation des cimetières, les autorités décidèrent d’évacuer les ossements de millions de corps vers une zone isolée. 

Furent choisies alors les anciennes carrières de la Tombe-Issoire sous la plaine de Montrouge pour leur facilité d’accès. Ces carrières furent exploitées depuis au moins le XVe siècle avant d’être totalement désaffectées. 

Le transfert des ossements commença fin 1785. Les restes des premiers corps furent transportés de nuit du cimetière des Saints-Innocents (fermé définitivement en 1780) aux carrières de la Tombe-Issoire. Pour respecter la mémoire des défunts et calmer le courroux de l’Église, un rituel religieux fut instauré tout au long du déplacement. Entre 1787 et 1814, les cimetières paroissiaux furent vidés à leur tour pour finir en 1860 lors des travaux d’urbanisme haussmannien. 

C’est par un puits d’extraction de pierres, situé sous le 21 avenue Jean Coty, que les armées déversèrent et entassèrent des millions d’ossements. Puis entre 1810 et 1814, l’inspecteur Héricart de Thury supervisa l’aménagement de l’ossuaire. Il inaugura un musée inédit accommodé de stèles et de gravures d’inspiration grecque et égyptienne. 

Les personnages historiques enterrés dans les Catacombes de Paris 

Alors que les cimetières parisiens s’asphyxiaient sous les dépouilles, et qu’ ils devenaient une réelle menace sanitaire pour la ville, des millions de corps furent transportés dans les Catacombes. Autant d’inconnus et de personnalités historiques entassés dans les sous-sols de la capitale. Voici une liste non exhaustive de quelques personnalités inhumées dans l’« ossuaire des célébrités » : 

  • François Rabelais (1494-1553) était écrivain et humaniste français.
  • Jean de la Fontaine (1621-695) était poète et fabuliste français.
  • Charles Perrault (1628-17003) était écrivain français bien connu pour ses contes de fées.
  • René Descartes (1596-650) était philosophe, mathématicien et scientifique français.
  • Voltaire de son nom d’origine François-Marie Arouet (1694-178) était écrivain et philosophe français.

De nombreuses personnalités moins renommées sont certainement enterrées anonymement dans les Catacombes de Paris. 

L’aire de jeux opaque des investigateurs curieux

Héricart de Thury voyait déjà son musée comme un cabinet de curiosités à grande échelle. Dès son réaménagement, il divisa l’espace en deux zones : l’une dédiée à la minéralogie et l’autre à la pathologie. 

Ainsi, grâce aux réflexions du docteur Michel-Augustin de Touret en 1789, on pouvait observer les conséquences de certaines maladies sur les ossatures humaines.

Le Muséum national d’Histoire naturelle s’est bien sûr rapidement intéressé à ce que ces sous-sols pouvaient enseigner. Jacques Mahé, botaniste, y étudia la flore dans les milieux obscurs, et Armand Viré, spéléologue et naturaliste, y découvrit l’existence de crustacés cavernicoles. 

En 1813, Héricart de Thury installa 4 poissons dans le bassin de la fontaine de la Samaritaine. Privés de lumière du jour et loin d’un conte de fées, ils vécurent, mais devinrent aveugles et ne se reproduisirent jamais.

C’est dans les Catacombes de Paris, en 1886, que Félix Tournachon, surnommé Nadar, pionnier de la photographie aérienne, s’essaya aux premières prises de vue à la lumière artificielle.

Le rôle stratégique des Catacombes dans l’histoire de France

Les catas au temps de la Révolution française

À l’époque de la Terreur, certains révolutionnaires utilisaient les carrières souterraines pour échapper à la persécution ou aux autorités.

Pendant cette période tumultueuse, les Catacombes furent le théâtre d’événements marquants. Comme en 1792 où fut sauvagement exécutée la princesse de Lamballe pour sa loyauté envers son amie Marie-Antoinette. 

C’est dans les Catacombes que se rencontraient les groupes révolutionnaires, tels que le club des Jacobins ou encore les Sans-culottes, pour y organiser des réunions secrètes et des rassemblements politiques clandestins.

Les catas au temps de la Seconde Guerre mondiale

Des groupes de la Résistance française tels que les Francs-tireurs et partisans (FTP) utilisaient les tunnels des Catacombes pour collecter discrètement des renseignements, stocker des armes et mener des activités de sabotage contre l’occupation nazie.

Les kilomètres de galeries souterraines auront permis à des milliers de juifs et de persécutés d’échapper aux rafles et aux déportations vers les camps de concentration. 

Plus tard, au moment de la libération de la ville en 1944, les sous-sols parisiens furent les témoins de combats intenses entre les résistants et les soldats allemands. 

Les Catacombes ouvrent leurs portes au public et deviennent un haut lieu touristique

C’est en 1809 sous le règne de Napoléon Bonaparte que les Catacombes s’ouvrirent au public pour la première fois.

Au commencement, on ne pouvait accéder qu’à une petite partie des galeries, mais cela suffisait déjà à laisser les visiteurs sans voix.

Un an plus tard, une commission spéciale fut créée pour assurer la sécurité des visiteurs et superviser les excursions à plus grande échelle.

En 1860, des travaux furent entrepris pour moderniser le site et améliorer l’accès et l’éclairage.

En 1900, l’Exposition universelle de Paris mit en avant une collection d’objets archéologiques dans les sous-sols des Catacombes.

Puis, au XXe siècle, devant le flux important de visiteurs nationaux et internationaux, furent bâtis de nouvelles entrées, des escaliers et des passerelles pour faciliter et sécuriser les visites.

L’entretien et l’exploitation des sous-sols aujourd’hui

Préserver le patrimoine archéologique, géologique et historique, assurer la sécurité des visiteurs et la mise en valeur du site demande l’intervention de plusieurs spécialistes, en voici un échantillon :

  • Le département des Affaires funéraires de la ville de Paris supervise l’entretien des Catacombes, la préservation de l’ossuaire, la conservation des galeries ainsi que la sécurité des visiteurs.
  • Le site est régulièrement entretenu par des professionnels spécialisés pour effectuer des travaux de maintenance, de réparation et de surveillance des Catacombes.
  • « Catacombes de Paris » est la société publique locale qui exploite le site comme attraction touristique. Elle prend en charge l’accueil des visiteurs, des billetteries et de la sécurité des lieux.
  • Des guides qualifiés partagent leurs connaissances et les histoires ténébreuses des Catacombes au fil du temps.
  • Enfin, des restrictions et une veille particulière des infrastructures sont mises en place pour maintenir l’héritage historique des futures générations.

Pour pérenniser la mise en valeur du site, les Catacombes ont été rattachées au musée Carnavalet en 2002. Une nouvelle sortie et la librairie-boutique ont été inaugurées en 2017 et une nouvelle entrée et un espace de médiation (pavillon Ledoux) en 2019.

Les mythes et légendes dans les sous-sols parisiens

Des centaines de kilomètres de galeries cachées interdites au public éveillent forcément les fabulations et nourrissent les spéculations des plus fantasmagoriques. Les portes dites interdites suscitent les théories les plus farfelues sur des secrets enfouis et les légendes ésotériques. 

Ainsi en va de la mission des cataphiles qui s’attèlent à débusquer les passages secrets ou tunnels inexplorés. Certains sont bien décidés à déceler les hypothétiques et légendaires trésors cachés.

À 20 mètres au-dessous de la ville, ces lieux ténébreux ont la réputation d’accueillir des rituels occultes et des cérémonies clandestines.

D’ailleurs, des phénomènes paranormaux ont donné aux Catacombes la réputation d’être hantées. Certains y auraient vu des apparitions, entendu des bruits étranges ou vécu des expériences surnaturelles. Rien d’étonnant dans un endroit où seul le nom donne des frissons !

Toutes ces légendes et rumeurs se sont alimentées au fil du temps sans aucune preuve historique de leur existence. Toutefois, ces histoires ajoutent encore plus de mystère à ces interminables dédales obscurs.